jeudi 14 novembre 2013

Tassili N’ajjer: aux sources des premières formes d’expressions artistiques et scripturaires signifiantes : De plus en plus de chercheurs de diverses disciplines qui se penchent sur l’étude des cultures traditionnelles populaires, allant jusqu’à vivre des années parmi les peuplades africaines, comme l’Anglais Jack H. Driberg (14 ans parmi les peuples du Soudan et de l’Ouganda) afin de recueillir les éléments oraux, entre autres, les plus divers de ce riche patrimoine ancestral, y compris ce qui a trait à l’archéologie, l’art pariétal, les peintures rupestres... etc. Faut-il rappeler que «l’apparition du livre est liée aux supports de l’écriture», comme le note Albert Labarre dans son «Histoire du Livre» ? Parmi ces supports, «le plus ancien semble être la pierre, depuis les pictographies rupestres jusqu’aux stèles et inscriptions de l’ancien Orient et de l’Antiquité classique (...)». L’étude de ces «textes», revêtant une valeur documentaire évidente, a suscité la discipline de l’épigraphie, mentionne notre auteur dans son intéressante «Histoire du livre» (Collection Que sais-je ?, PUF, Paris 1970, Dahlab, Alger 1994). Discipline, entre autres, qui a permis d’explorer des univers artistico-culturels antiques inconnus jusqu’ici... Dans le cas de notre pays l’Algérie, un témoin à ce jour de ce monde antique ancestral enfoui n’est autre que l’immense plateau du Tassili N’Ajjer. Autrement dit cette forme ancienne, préhistorique, de discours émotionnel, «artistico-littéraire», à sa manière, des temps anciens, ou formes traditionnelles de communication artistique et spirituelle qu’est l’art protohistorique de l’écriture idéographique et pictographique des parois rocheuses antiques de l’immense plateau du Tassili des Ajjer. Car, ce majestueux musée préhistorique, à ciel ouvert, comme le qualifia son découvreur Henri Lhote, avec ses innombrables gravures rupestres, motifs constellés et fresques diverses, exprime à sa manière, en un riche langage iconographique, hautement coloré et élaboré, toute la panoplie des croyances, préoccupations, modes de vie et de pensée de notre ancêtre l’»Homo sapiens», nous dévoilant notamment son univers magico-religieux, émotionnel, artistico-artisanal, voire idéologique, éducatif, et mythologique surtout, inhérent à ce paradigme culturel et civilisationnel évanoui de l’ère protohistorique. Comme le souligne Julia Kristeva à propos du graphisme primitif en général, cet art pariétal est incontestablement porteur de sens langagier: «(...) pour nous, sujets appartenant à une zone culturelle dans laquelle l’écriture est phonétique et reproduit à la lettre le langage phonétique, il est difficile d’imaginer qu’un type de langage - une écriture - ait pu exister et existe aujourd’hui pour de nombreux peuples, qui fonctionne indépendamment de la chaîne parlée, qui soit par conséquent non pas linéaire (comme l’est l’émission de la voix), mais spatiale et qui enregistre ainsi un dispositif de différences où chaque marque obtient une valeur d’après sa place dans l’ensemble tracé. Ainsi, dans les grottes de Lascaux, on peut remarquer les rapports topographiques constants entre les figures des animaux représentés (...) D’après Leroi-Gourhan: «une part importante de l’art figuré relève de la «picto-idéographie», manière synthétique de marquage qui, tout en représentant des images (latin: pictus, peint, représenté), transmet une «conceptualisation», ou plutôt une différenciation et une systématisation irreprésentables («idée»). Ce type d’écriture n’est pas une simple transposition du phonétisme et peut-être même se construit de façon tout à fait indépendante de lui, mais elle ne constitue pas moins un langage» [...]. De tels dispositifs spatiaux semblent constituer le support graphique matériel, et par conséquent durable et transmissible, de tout un système mythique ou cosmique propre à une société donnée, on pourrait dire que ces graphismes mi-écriture mi-représentation «artistique», magique ou religieuse, sont des mythogrammes. D’autre part, «la multi-dimensionnalité» de ces graphismes s’observe dans nombre d’écritures non alphabétiques, comme en Egypte, en Chine, chez les Aztèques ou les Mayas. Les éléments de ces écritures [...] peuvent être considérés comme des pictogrammes ou des idéogrammes simplifiés, dont certains obtiennent une valeur phonétique constante [...]. Telle est l’écriture hiéroglyphique égyptienne, dans laquelle chaque pictogramme a une portée phonétique [...] (Julia Kristeva in «Le langage cet inconnu», Ed.. Seuil, Paris 1974). On peut citer également en guise d’exemple de ces «écritures ancestrales», celle des Australiens Churingas qui traçaient de façon abstraite les corps de leurs ancêtres et leurs divers environnements. D’autres trouvailles paléontologiques confirment la thèse selon laquelle les premières écritures marquaient le rythme et non la forme d’un processus où s’engendre la symbolisation, sans devenir pour autant une représentation. Autrement dit, ces «représentations humaines» qui perdent leur caractère «réaliste» et deviennent «abstraites», construites à l’aide de triangles, de carrés, de lignes, de points, comme sur les parois du Tassili ou des grottes de Lascaux, constituent l’ébauche d’un langage iconographique préstructuré. Abondant dans ce sens, le chercheur suédois en arts dramaturges, George Cristea, écrira à propos des gravures rupestres du Tassili:» Chaque rocher gravé et chaque paroi de grès peinte représente une page d’un ouvrage où des maîtres de la préhistoire inconnus ont inscrit, en l’absence de l’alphabet, par des images, la chronique souvent bouleversante de leur vie quotidienne» (in: Eléments de manifestation dramatiques dans le Sahara mésolithique et néolithique, éditions ILVE université d’Oran, Algérie 1990). Ce qui semble évident c’est l’utilisation de ces images, motifs - signes et figures symboliques, entre autres, comme éléments langagiers, ou supports pédagogiques, servant à des cérémonies de chasse (pratique de la simulation tel qu’on simule l’action virtuellement de nos jours sur nos ordinateurs ?) ou qui sont utilisés pour des rituels religieux, et initiations éducatives, sexuelles notamment, comme le suggère la présence de points de scarifications sur des figures féminines (site de Aourent). D’autres corpus de motifs suggèrent des cérémonies magiques ou des festivités organisées de mains de maître, à la manière des grands spectacles chorégraphiques modernes !... Nous avons un exemple similaire probablement de ces peintures rupestres antiques dans le Wezda du Zimbabwe, et à propos desquelles la chercheuse Jacqueline Roumeguere-Eberhardt note: «(...) les animaux si abondants sur cette paroi représentent les groupes totémiques et la morphologie, connotant tous les grands événements historiques tels que batailles, alliances (véritable apprentissage de récits d’événements à lire (...) à travers cette sténographie symbolique, support d’un savoir détenu par les gardiens des traditions et que possède également l’instructeur spécialisé dans l’enseignement de cette histoire» (in Le signe du début de Zimbabwe, Ed. Publisud, Paris 1980). Ce qui semble montrer clairement que le graphisme imagé, ou les motifs, signes, figures ou tout autres formes d’expression symbolique - ou idéographique, étaient utilisés dès l’aube de l’humanité à des fins pédagogiques, rituelles, sociales, magico-religieuses... etc., lors des cérémonies d’initiations dans les sanctuaires consacrés. On pourrait citer à côté de cette forme d’écriture antique tassilienne, l’écriture africaine ancestrale «N’sibidi» ou celle aztèque des Mayas, et autres formes hiéroglyphiques surgies après, qui narraient le vécu complexe de nos ancêtres «primordiaux» (convient-il de dire et non pas primitifs, car ayant été les grands initiateurs de la civilisation souvent ignorés) tout comme on pourrait évoquer le legs culturel de ce langage ancestral du tatouage corporel qu’on retrouve un peu partout à travers le globe et dont les signes ou motifs singuliers «identificatoires» ( ?) picotés sur les corps témoignaient vraisemblablement du symbole totémique d’appartenance tribale, clanique, patrilinéaire ou matrilinéaire... le motif-signe servant de la sorte de moyen de repère et d’identification, de balisage du tissu social, c’est-à-dire de moyen langagier qui servait tout autant pour d’autres formes d’expression et de communication. «Bien avant l’apparition de l’écriture, l’art visuel véhiculait la mémoire de l’homme; et il en est toujours le dépositaire», écrit Emmanuel Annati (un des meilleurs spécialistes mondiaux dans ce domaine), dans son récent ouvrage «Aux origines de l’art» (Ed. Fayard, Paris 2004), observant par ailleurs, que l’art qui préexistait à l’apparition de l’écriture a engendré celle-ci, puis a accompagné les développements du langage et de la technique jusqu’à nos jours... «L’art révèle l’essence des processus cognitifs de l’esprit humain. Le comprendre, c’est comprendre la société qui l’a produit, et plus encore l’homme», conclut E. Annati. C’est à partir de trois catégories de signes repérées dans les arts, abstraits et figuratifs, de l’homme préhistorique et tribal (les pictogrammes, les idéogrammes et les psycho-grammes) que les explorateurs décryptent, généralement, ces «processus cognitifs». Les thèmes les plus souvent privilégiés par ces modes d’expression, et qu’on retrouve un peu partout à travers les sites de gravures rupestres du globe, concernent les préoccupations liées à la nourriture, le territoire et la sexualité. Ces représentations véhiculent incontestablement des «messages», nous dit Emmanuel Annati, et en plus des préoccupations matérielles, des «révélations spirituelles», comme le témoigneraient vraisemblablement, ce que d’aucuns ont qualifié de «Sixtine de la préhistoire» de Lascaux, ou les détails témoignant de l’existence d’une riche mythologie du plateau du Tassili N’Ajjer d’Algérie. Notons également ce qu’écrit Albert Labarre à propos des origines du livre, en rappelant notamment que c’est seulement «entre le IXème et le IVème millénaire avant notre ère que l’écriture s’est constituée. On peut considérer comme une démarche préliminaire l’art rupestre des hommes de l’époque glaciaire, dans lequel l’image devient peu à peu signe par la schématisation. Puis cette image-signe évolue; de la pictographie naissent tous les vieux systèmes d’écriture: cunéiformes sumériens, puis mésopotamiens, hiéroglyphes égyptiens, créto-minoens, hittites, caractères chinois; c’est le stade des idéogrammes où les représentations ne suggèrent plus seulement des objets, mais aussi des idées abstraites. Dans une étape postérieure, l’écriture s’accorde peu à peu au langage pour aboutir aux signes phonétiques qui sont des symboles de sons: il y a d’abord les systèmes où chaque son correspond à un signe (aux Indes par exemple), puis des systèmes syllabiques, enfin des écritures consonantiques qui se développent à travers le Moyen-Orient pour aboutir à l’alphabet, en Phénicie, peut-être dès le XVIème ou le XVème siècle avant J.-C. Au IXème siècle avant J.-C., les Grecs adoptent l’alphabet phénicien, y ajoutent les voyelles et ordonnent l’écriture de la gauche vers la droite: c’est de cet alphabet que sont issus l’alphabet latin et les alphabets modernes» (in Histoire du livre, chapitre 1, p.7, collection «Que sais-je ?», PUF, Paris 1970, Dahlab, Alger 1994). Cette «écriture pictographique» antique reflétait ainsi, à sa façon, selon son mode d’expression spécifique recourant au signe iconographique, pictographique ou idéographique, divers aspects du vécu de nos ancêtres que des recherches suivies permettront, un jour peut-être, d’en dévoiler l’extraordinaire richesse enfouie en ce vaste patrimoine culturel et artistique préhistorique, notamment le symbolisme ayant trait au totémisme qui y prévalait comme le laissent suggérer nombre de figures pariétales. Ce qui permettra également de mieux identifier les peuplades et tribus autochtones, ou les premiers ancêtres d’aspect négroïde selon les anthropologues, ou la préhistorienne algérienne Malika Hachid qui, dans ses recherches méritoires, évoque ces héros civilisateurs du Maghreb d’origine subsaharienne, c’est-à-dire noire africaine, issus d’une brillante civilisation négro-africaine au Sahara, cinq mille ans avant les pyramides ! Autochtones négroïdes primordiaux attestés par des scientifiques et auxquels ont succédé les Berbères, et c’est surtout avec ces derniers que le Maghreb est entré dans l’Histoire: chaotique à ses débuts, mais qui se devait se fondre dans la grande épopée du monde antique, médiéval et au-delà par la suite, et qui vit s’interpénétrer et se féconder l’Africanité, l’Amazighité, l’Arabité-Islamité et la Méditerranéité, paramètres culturels-identitaires diversifiés et convergents, ou à la fois distincts et complémentaires constitutifs de l’Algérianité en son devenir synthétique évolutif historique, accoucheur de cette synthèse historique de l’unité dans la diversité consacrée de la culture plurielle mosaïcale homogénéisée de l’Algérie, soit la RADP ou la République Algérienne Démocratique et Populaire: dénomination géniale des historiques prévenants, qui renvoie justement à toute une orientation moderne, ouverte et pluraliste, aux antipodes des partis pris déviants des cultures sectaires, chauvines, extrémistes ou impopulaires des uns et des autres égarés de l’histoire, cultivant sournoisement ou inconsciemment les germes de la discorde, de l’exclusion et de l’exil forcé, intérieur ou extérieur, des compétences nationales ou forces juvéniles d’un pays plein de promesses, de confraternité et de prospérité citoyenne générale pourtant ! Source Le Quotidien d’Oran Le Pèlerin








le pays des ouleds Nail : Limite nord du Sahara, bordé au nord par les hautes steppes, l'Atlas saharien s'étend sur sept cents kilomètres, du nord-est au sud-est, depuis la dépression du Hodna et des Zibans (M'Sila, Biskra) jusqu'au Figuig. Il se répartit en plusieurs tronçons : monts du Zab, monts des Ouled Naïls, monts des Amour, monts des Kçour. Caractéristiques essentielles : phase de plissement principal à l'éocène, ruines d'anticlinaux et de synclinaux de structure simple, chaînons dissymétriques avec un versant couronné d'une falaise de calcaire ou de grès... En raison de l'aridité, " les chaînes se sont enfouies dans leurs propres débris " (Despois, " L'Afrique du Nord Française ", 1949, p. 57.). C'est seulement au sud, en bordure du Sahara, en particulier au voisinage des cluses qu'ont creusées les oueds, qui y descendent, que le relief est un peu dégagé, surtout dans le bastion central du Djebel Amour. Malgré l'altitude qui atteint au sud-ouest 2.230 mètres, on n'a pas l'impression d'être dans la haute montagne. Les hautes plaines steppiques de la bordure nord-ouest sont particulièrement monotones et soulignées par des dépressions : Hodna, Zahrez Chergui, Zahrez Gharbi, Chott Chergui, Chott Gharbi. Elles ont une densité de population encore un peu inférieure à celle de l'Atlas Saharien, qui est de 4 à 10, alors que dans le Tell elle dépasse en général 10 à 20, et atteint en certaines régions 40 ou 60. On sait qu'au désert elle tombe aux environs de 1. Malgré son climat rude et ses faibles ressources, l'Atlas Saharien est donc, grâceà ses cours d'eau et à sa pluviométrie un pou favorisé par rapport aux steppes. L'ANNEXE DE DJELFA L'annexe de Djelfa (2.700.000 hectares, 111.000 habitants, 4,2 au kilomètre carré) est par excellence le pays des Ouled Naïl ( à part les Saharis et les Abbaziz; à part six tribus Ouled Naïl sur BouSaâda et trois aux Ouled Djellal). Son territoire a la forme d'un rectangle nord-ouest sud-est entouré par les communes mixtes de Chellala, d'Aïn-Boucif, Bou-Saâda (dans le département d'Alger), les annexes des Ouled Djellal et de Touggourt (Territoire de Touggourt), de Ouargla (Territoire des Oasis), de Ghardaïa et de Laghouat (Territoire de Ghardaïa), la commune mixte d'Aflou ou du Djebel Amour (département d'Oran). C'est vraiment le cœur de l'Algérie. Sa géographie physique. est très caractéristique et simple. La partie nord est cultivée, froide, montueuse, habitée toute l'année; la partie sud comprend essentiellement la région des dayas (petites dépressions ensemencées, souvent plantées de betoums, pistachiers), parcourue par les nomades cinq mois d'hiver. Le crétacé domine. Les plissements tertiaires sont nord-est sud-ouest. Les synclinaux sont devenus par l'érosion de larges cuvettes; les anticlinaux étroits forment d'assez minces chaînons. Les eaux ont lessivé les sommets crétacés salés, aboutissant, au nord, à des bassins fermés où elles s'évaporent, formant des sebkhas, petits chotts comme les deux Zahrez environnés de sols incultes. Deux gîtes de sel gemme, le Rocher de Sel et Aïn-el-Hadjar, sont considérés comme le résultat d'une éruption boueuse gypsosaline. Si l'on suit une ligne nord-ouest sud-est, on recoupe successivement le synclinal des Zahrez, l'anticlinal Medjedel-Zenina, un petit synclinal, l'anticlinal du Djebel Haouas, le synclinal de Djelfa, l'anticlinal du Djebel Zerga, le synclinal de l'Oued liessaâd et Bou Kahil, l'anticlinal de Messaâd, dernier relief avant le Sahara. La région des dayas est plate et les couches tertiaires intactes y recouvrent le crétacé. La hauteur moyenne des plateaux du nord est de 1.150 mètres. La chaîne des monts Saharis (Charef, Senalba, Djebel Sahari) atteint 1.568 mètres, les monts proprement dits des Oueld Naïl 1.453 mètres. Le long oued Djedi sépare ces chaînes du nord de la région des Dayas. LE CLIMAT ET LES RESSOURCES Le climat est peu favorable, très froid en hiver (souvent - 10) avec des gelées précoces en octobre qui peuvent être désastreuses et des gelées tardives en avril qui compromettent les céréales, les vergers et les jardins. Le sirocco est tempéré par l'altitude, mais le vent, toujours violent et fréquent, accroît la rigueur du climat, sèche le sol, annihile souvent l'effet des pluies déjà irrégulières et insuffisantes. Ces pluies brutales rendent destructeurs les oueds impermanents; ou de longues périodes de sécheresse. Compromettent la vie des troupeaux et des hommes. Messaâd, à la limite des deux régions, est bien abritée, jouit d'un climat plus doux. Le pays des Dayas est déjà très chaud, et rares sont les nomades qui y estivent. Il y a de belles forêts dans les monts Saharis : plus de 100.000 hectares peuplés de pins, chênes verts, genévriers. Dans les monts des Ouled Naïl la forêt est plus clairsemée, sur les pentes nord; les génevriers prédominent; les pentes sud sont dénudées. Sur les plateaux croissent l'armoise (chih), l'alfa et les herbes aimées des moutons. Dans les dépressions plus humides on cultive des céréales. Autour des points d'eau, aux résurgences' des oueds, des jardins offrent presque toutes les variétés d'arbres fruitiers et de légumes. A Messaâd et Tadmit, les palmiers commencent et cessent les peupliers. D:ms les Dayas pousse malgré de regrettables destructions, l'étrange betoum, pistaches, protégé de la dents des bêtes par un jujubier épineux. Comme il n'y a pas d'industrie, peu de commerce et guère d'autre artisanat que le tissage familial, tout cela ne donne pas les bases d'une grande prospérité. Comme nous le reverrons, la principale ressource est l'élevage du mouton : 1.400.000 hectares de terrains de pâture sur lesquels ont peut-être trop tendance à mordre les labours hasardeux. Elevage,malheureusement compromis, tous les cinq ou dix ans par de longues sécheresses qui vont jusqu'à exterminer 80 % du troupeau ! La culture des céréales est en progrès, ce qui n'est pas forcément un bien, si cela réduit la pâture sans très grand avantage. Caractéristiques : jachère triennale, labour unique d'enfouissement des grains après les pluies d'automne, semences non sélectionnées, moisson à la faucille, dépiquage au pied des bêtes. Des progrès récents sont en cours. On pratique parfois les labours de printemps dans le nord-ouest. En l'absence de tout colon, les S.A.R., secteurs d'amélioration rurale, jouent depuis quelques années un rôle de pilotes et procurent des moyens aux fellahs : tracteurs, semences. Environ 70.000 hectares sur 200.000 cultivables sont actuellement emblavés. Le blé dur l'emporte sur l'orge. Le rendement moyen a un peu gagné, mais reste faible : 3 pour le blé, 4 pour l'orge. Pour augmenter les emblavures sans nuire à la pâture, on pourrait gagner de la terre cultivable au moyen de barrages dans les Zahrez et défricher des plaines comme celles des Maâlba. La spécialité des divers centres est la culture des vergers (900 hectares, dont 400 à Messaâd) avec production d'abricots, pêches, raisins, grenades et même (à Moudjebara surtout) cerises, pommes et poires. On compte quelque 2.500 palmiers à Messaâd-Demmad, mais les dattes sont médiocres. La production de pommes de terre et légumes est faible sauf à Djelfa ; les choux et artichauts prospèrent à Zénina ; les fèves servent de denrées de soudure dans les qçour ou l'on ne mange pas toujours à sa faim. L'alfa abonde dans la steppe; les moutons n'en consomment que les jeunes pousses. On l'utilise en sparterie et surtout pour la pâte à papier (à l'étranger et depuis quelques années en Algérie même, à l'usine Cellunaf de Baba-Ali). La cueillette de quelques dizaines de milliers de tonnes, à des prix d'ailleurs très variables, procure des salaires d'appoint aux nomades, quelques revenus à la commune. DES MOUTONS ET DES HOMMES Avant d'en venir à l'élevage et à la transhumance, il faut considérer la population; il est peu de pays au monde où l'homme et le mouton soient si étroitement liés. La population est presque entièrement musulmane 109.450 musulmans contre 1.231 non-musulmans au recensement de 1954. Les quelque sept cents israélites de l'annexe sont venus naguère du Mzab; on a observé un temps chez leurs jeunes gens une certaine tendance à émigrer en Israël. La population européenne n'augmente pas; elle a même diminué depuis la suppression de la garnison de Djelfa. Il n'y a pas de colons. L'élément européen, à part les fonctionnaires, s'est mal adapté au pays; il comprend quelques techniciens, chefs d'entreprise, transporteurs; mais est éliminé, remplacé peu à peu. Par contre, la population musulmane (relativement stabilisée depuis quelques années) a doublé en cinquante ans. Elle comprend des nomades ou demi-nomades, des sédentaires habitant les qçour, et quelques commerçants mozabites. Les nomades des vingt et une tribus en forment les deux tiers. Seize centres groupent 25.000 habitants sédentaires. Depuis une quinzaine d'années, pour diverses raisons sur lesquelles nous reviendrons, la sédentarisation s'accentue, avec des résultats divers. Le Centre de Djelfa est de formation moderne et de style fort banal avec deux grandes rues se coupant à angle droit, et des maisons très monotones. Autour de la ville dont les remparts d'argile en ruines sont à peu près le seul pittoresque, mais que bordent des jardins et des prairies aux beaux peupliers, se groupent de plus en plus des îlots satellites de maisons indigènes élémentaires accueillant les plus ou moins récents sédentarisés, Djelfa s'est construite autour du bordj fondé en 1852 par Yusuf. Le Centre avait 114 habitants en 1860, 263 en 1863 (on ouvrait la route de Laghouat). La commune mixte est créée en 1868. Les indigènes affluent sérieusement après 1870. En 1920, ils sont 2.835 (y compris 106 mozabites) contre 590 européens. La famine de 1920, puis la voie ferrée, puis la multiplication des transports et la route goudronnée déterminent une nouvelle poussée, pour dépasser 6.000. Un plan d'urbanisme, peut-être un peu optimiste, prévoit pour dans vingt cinq ans une popula tion de 20.000. Si la population de Djelfa a plus que doublé en trente ans, celle des qçour a presque doublé, ce qui souligne la tendance à la sédentarisation. Hassi Babah a 1.200 habitants, Zénina 1.400, Charef 1.100. Dar Chioukh, enrichi par les émigrants Ouled Bouabdallah qui vont travailler en France en a 1.100. L'oasis de Messaâd, gros marché du sud, en compte plus de 6.000. Les anciens militaires retraités sont nombreux dans ces qçour (2.500 environ). Leur influence est d'autant plus grande qu'ils appartiennent au premier collège et constituent un élément politique appréciable. Trois nouveaux petits villages se sont même constitués depuis dix ans : Kroa-el-Botma aux Ouled Si Ahmed, El-Euch aux Ouled Abdelkader, Mliliha aux Ouled Aïffa. Le développement des qçour s'explique aussi pour une raison très intéressante : aussi bien d'un point de vue traditionnel que pour des buts progressistes, chaque tribu tient à avoir son centre avec son entrepôt, son marché, aujourd'hui son école. Les nomades participent à la poussée démographique. Ce sont les tribus de la zone nord-est (Saharis, Ouled Bouabdallah, Ouled Ben Alia) et les Thouaba qui croissent le moins ou même diminuent. Les Ouled Naïl, purs arabes de l'invasion hilalienne, forment la grande majorité des tribus. Ils l'ont emporté sur la couche plus ancienne des Saharis et des Abbaziz. Les qçouriens sont tous arabophones aujourd'hui, mais doivent comporter des éléments d'origine berbère ancienne. Les gens de Demmad, puis Messaâd, au pied du fameux Castellum Dimmidi, se disent d'origine romaine. Toutes ces différences tendent d'ailleurs à s'atténuer en face de l'uniformité administrative, bien que les rivalités familiales soient toujours aiguës. Le sang tribal est vivace, mais on se marie de plus en plus entre membres de tribus différentes. Bien que les conditions géographiques strictes que nous venons d'envisager ne laissent pas beaucoup de marge, une certaines évolution se constate. Le niveau de vie (quoique stoppé périodiquement par* les crises désastreuses de sécheresse) s'est nettement amélioré malgré la progression démographique. Le prix du mouton, de sa chair, de sa laine et de sa peau, e monté plus vite que celui des céréales et e:es produits qu'il faut importer (sucre, café, thé, huile, légumes, tissus, carburants, objets manufacturés). Les salaires et les pensions sont plus substantiels. L'émigration fournit son appoint. Environ trois mille familles vont dans le Tell (Sersou, Mitidja, Médéa, Alger), y restent quelques années ou s'y fixent, Quelque cinq cents ouvriers représentent en France, notamment à Montluçon, les Ouled Bouabdallah et les Ouled Abdelkader, y restent en général cinq ou six ans et envoient des sommes importantes à leurs familles. La circulation monétaire s'est accrue. On vit de moins en moins en économie fermée. La fréquentation des Européens, l'autocar, la radio, le cinéma n'ont pas laissé d'agir sur la mentalité et le comportement des nomades. Le pasteur biblique regarde durs le journal le cours de la laine, sait les conséquences des achats américains, ou des restrictions de la guerre de Corée ou de la hausse de l'or, prend le téléphone pour discuter avec les démarcheurs algérois ou marseillais le cours du mouton sur pied selon l'état des pâturages. Le Qçourien se nourrit moins bien, a une vie moins saine, mais plus encore de facilités, surtout à Djelfa, pour évoluer. La polygamie est en régression; les Qçouriens sont presque tous monogames. Pour accentuer ces progrès ou pour les stabiliser en regard de l'accroissement de la population, les moyens sont assez réduits : en dehors d'un petit développement possible des cultures de céréales par des irrigations nouvelles,. là où cela ne gêne pas le mouton, il n'y a qu'un but essentiel à rechercher : pallier, par l'accroissement des fourrages et des points d'eau aux effets désastreux des périodes de sécheresse. C'est encore l'histoire biblique de Joseph, des vaches grasses et des vaches maigres. En rapprochant l'éleveur et le cultivateur de l'école, de la poste, de l'assistance médicale, d'une administration plus étoffée, plus efficace et plus dégagée des influences locales, on peut d'ailleurs espérer obtenir indirectement des intéressés un plus grand esprit de prévoyance et d'adaptation. Le troupeau normal est d'environ 600.000 moutons, 120.000 chèvres, 15.000 chameaux, 10.000 bovins, 11.000 ânes, 500 mulets, 3.000 chevaux barbes. Il dispose d'environ 1.500,000 hectares de pâturage. Peu de moutons nomadisent hors de l'annexe (35.000 en temps normal vers le Sersou, Aïn-Boucif et Chellala; 100.000 dans les mauvaises années). Si l'on compte qu'un chameau mange à peu près comme dix moutons, un bœuf, si forcément sobre qu'il soit, comme six, on voit que chaque animal dispose seulement de 1 hectare et demi de steppe. C'est peu car le terrain n'est pas homogène et certains lieux sont impraticable faute d'eau. Il faut sans doute ajouter les 1.150.000 hectares de la partie sud, mais ils ne sont pas toujours accessibles. L'encombrement est toujours grand sur les plateaux de la moitié nord. Il devient dangereux s'il dépasse les 800.000. Les bœufs sont maigres, sauf dans les Zahrez c à Zénina. Les chèvres guident le troupeau et appartiennent au berger. Les chevaux sont un luxe passionnément aimé. " Je suis le caïd des plus beaux chevaux et des plus jolies femmes " disait le caïd de la tribu des Ouled Sidi Ahmed, le capitaine Ben- chérif (auteur en français du livre sur le Pèlerinage à La Mecque et d'un roman Le Cavalier), fidèle aux traditions de la poésie arabe. Mais c'est le mouton qui est le maître et le roi, la sources de toute richesse dont dépend non seulement la prospérité, mais à la lettre, la vie même de la plupart des habitants de l'annexe. Le mouton naïli n'est pas le mouton à grosse queue des Aurès dont la réserve de graisse caudale et d'odeur forte, a contribué au discrédit dont souffrit longtemps le mouton " africain " dans les boucheries de la métropole. Il est très résistant, grand, avec des membres grêles, la toison blanche, la tête dégagée, blanche ou pigmentée de brun clair, LA TRANSHUMANCE Les transhumants vont donc, en gros, hiverner dans la région sud, remontent au printemps sur les plateaux du nord, vendent les moutons engraissés, vont, avec ou sans mouton, et en certain nombre estiver dans le Tell, pour revenir en automne dans la partie centrale ou septentrionale de l'annexe. Mais ce mouvement n'est pas comparable à celui des grands nomades Saïd Otba par exemple, entre Ouargla et le Sersou, ni même à celui des Larbaâ de l'annexe de Laghouat. Le plus gros des mouvements Ouled Naïl se fait dans les limites de l'annexe de Djelfa. Les déplacements vers le Sersou et les communes du département d'Alger concernant moins les moutons que les hommes. Ceux-ci, au nombre de plus de 15.000 vont travailler à la moisson et à la cueillette des lentilles dans le nord en été. Mal payés, ils gagnent juste de quoi rapporter une provision de blé pour une partie de l'hiver. C'est pourtant ainsi que les travaux agricoles saisonniers du Sersou, des régions de Boghari et Aïn-Boucif, sont presque entièrement faits par les travailleurs fils de Naïl. Pour préciser davantage, les seules tribus vraiment nomades sont celles du sud de la piste DjelfaBou-Saâda : elle. hivernent dans l'oued Djedi et des Dayas, vont en petits groupes, chercher des dattes au Mzab et dans l'Oued Righ, estivent dans les vallées du nord de l'annexe. Les Ouled Ameur vont parfois, au nord-est, chez les Adaoura de la commune de Sidi-Aïssa. Les déplacements s'accompagnent souvent d'ensemencements. Pendant quelques jours le pasteur devient agriculteur. Il s'arrête dans un lieu favorable, laboure, sème, en automne, ou, dans certaines régions, au printemps, et fait au retour la moisson, si Dieu a bien voulu qu'elle pousse. LA CHARRUE L'araire traditionnel du pays est l'araire dental, dans lequel le timon est isolé du manche qui s'élève à part, alors que dans l'araire manche - sep le timon traverse le mancheron et que dans l'araire -- chambige c'est le mancheron qui traverse le timon infléchi : l'araire dental, qui pénètre moins le sol, est utilisé à l'ouest et au sud d'Alger, ainsi qu'à Ouargla. L'araire manche-sep est celui de la Kabylie et des Aurès (Haudricourt et M. Jean Brunhes Delamare, L' homme et la charrue, 1955, p. 255, d'après Cantineau.). Depuis plusieurs années d'ailleurs, dans les exploitations plus stables que les semis hasardeux des nomades, c'est la petite charrue en fer moderne que l'on trouve presque partout. A propos de charrue, il faut signaler un malentendu qui se répète souvent. Le prophète Mohammed aurait dit : " la charrue n'entre pas dans une maison sans que la bassesse entre en même temps dans les âmes ". Et l'on oppose pasteur et agriculteur nomade et sédentaire pour insinuer une hostilité congénitale de l'Islam et de l'arabisme contre l'agriculture, Quel que soit le sens de ce hadits fameux, il est contredit par un autre non moins célèbre, sur le mérite de celui qui revivifie une terre. Les diatribes du Coran contre les Arabes du désert semblent bien souligner que l'Islam eut d'abord son terrain de prédilection dans les oasis comme Médine. Quoi qu'il en soit, le Pr Capot-Rey remarque (Le Sahara français, 1953, p. 220.) que si le nomade fait cultiver son jardin de l'oasis, il laboure lui-même son terrain des dayas. Il est même à peu près le seul à user de la charrue au Sahara. Cet usage d'ensemencer certaines places en cours de route contribue, on le comprend, à diminuer les caprices du nomadisme, à régulariser les déplacements et ,à en diminuer l'ampleur. Le nomade semble y tenir beaucoup, bien que le rapport soit des plus irréguliers et fort aléatoires. " Le grain qu'il confie au sol est moins un capital qu'il prête qu'un enjeu qu'il risque; il n'y a pas de contrat entre la terre et l'homme. " Presque partout, la tente naïla est la tente rouge et noire, qui s'oppose à la tente noire des Larbaâ de l'annexe de Laghouat. Ses longs flijes font alterner les deux couleurs sur un plan rectangulaire au faîte caréné soutenu par une barre transversale, et deux rangées de poteaux de part et d'autre, un long toit tombant jusqu'à terre, un côté relevé formant porte. Cette khaïma normale peut abriter cinq à dix personnes. Elle représente un petit capital et son entretien convenable peut revenir à une cinquantaine de mille francs par an. Pendant la désastreuse crise de 1945-1946, beaucoup de tentes disparurent et l'on vit surgir plus de trois mille affreux gourbis de pierres et de toub pour abriter les vaincus du désert, véritables naufragés. SIDI NAIL, LE SAINT ÉPONYME Les Romains occupèrent le pays. Le poste de Demmad-Messaàd est bien connu et a été étudié à fond par Gilbert C. Picard. D'autres postes ont étérelevés au Kef Serdoun et sur l'Oued Djedi. Le R.P. Lethielleux, qui est actuellement le grand connaisseur de la région, a noté de nombreuses traces probables dans les environs de Djelfa, Charef, etc. On s'est demandé comment ce limes pouvait être aussi avancé dans le Sud. Mais Castellum Dimmidi ne pouvait être tellement en l'air. L'on fait en effet passer par Boghar et la route de Letourneux le limes de l'Algérois, Mauritanie Césarienne. Sans doute y avait-il là comme un double limes, un chevauchement, le limes bien connu de la Numidie et de la région Biskra--Touggourt descendant assez loin vers le sud-ouest, venant pour ainsi dire doubler celui de l'Algérois commencé plus au nord. L'invasion arabe de Sidi Oqba, au milieu du VII" siècle, ne dut pas avoir beaucoup d'effet sur le pays. Mais la grande invasion hilalienne du milieu du XI' siècle eut pour conséquence de l'arabiser peu à peu complètement. Vinrent d'abord les Riah, puis les Bou Aïch, les Aziz, les Bou Hasseni, les Mouidat, les Zenakra qui repoussèrent au nord-ouest les Saharis aborigènes du Djebel Mechentel, aujourd'hui Djebel Sahari. La vie de Sidi Naïl ben Naïl semble avoir rempli tout le XVI" siècle. On donne comme dates approximatives 1500-1594. D'une famille de chorfa idrisside, comme il convient, venu du Figuig, il aurait été l'un des " égorgés " de Sidi Ahmed ben Youssef, enterré à Miliana en 1517 : pour mettre à l'épreuve ses fidèles, Sidi Ahmed ben Youssef avait fait semblant d'avoir, sur un ordre divin, à égorger ses sept meilleurs disciples, seul le sang des moutons' avait coulé, mais le maître savait désormais sur qui compter; ces hommes pouvaient être entre les mains de leur cheikh " comme le cadavre entre les mains du laveur des morts ". Sidi Naïl s'établit d'abord à Mendès, chez les Flittas (aujourd'hui commune mixte de Zemmora). Frappés par la beauté déjà remarquable des filles de la famille Naïl, les Flittas demandèrent des femmes en échange de blé. Mécontent, le saint quitta le pays et prit la direction du sud-est, après avoir lancé contre les Flittas ce dicton satirique : " Mieux vaut la vie pénible du Boubiadha (lézard des touffes de quethaf) dans les sables du désert, que Mendès et son blé ". Sidi Naïl avait la double vue des péchés. Il voyait dans une piscine les fautes des gens qui s'y lavaient. Les péchés qu'il réprouvait le plus étaient la pédérastie, la diffamation, le meurtre des êtres dont Dieu a ordonné de respecter la vie. Quelques dictons assonances qu'on lui attribue dénotent un solide bon sens, sans mysticisme échevelé. " O toi qui demandes ce qu'il faut faire pour une tache sur le pan d'un vêtement, lave la place de la tache et ne te donne pas plus de mal; mais si le vêtement est souillé partout, le mieux à faire est de le laver entièrement ". " Ne nourris pas de soupçons contre ta femme; ne fréquente pas les gens vils; bien fou est celui qui rappelle le passant qui s'éloigne. " Il eut personnellement à mettre en pratique le précepte de ne pas être jaloux. Les autres conseils dénotent de la modestie, une bienveillance un peu désabusée, une modération retenant d'en trop faire une prudence évitant de courir après les dépenses (ne pas rappeler l'hôte éventuel qui s'en va). A Aïn Rich, il se maria et étudia sous le savant Sidi Belhadj el Kerti ; puis il partit pour la Mecque, confiant sa famille à son disciple et ami Malik. Au retour il aurait trouvé un enfant de plus qu'il n'y aurait dû, semblait-il, y en avoir. Sagement, il décida que l'enfant avait dû " s'endormir " dans le sein de sa mère Cheliha et le nomma Malik ben Naïl. Se dirigeant par la suite vers Sour Ghozlan (le Rempart des Gazelles, aujourd'hui Aumale), il mourut sur les bords de l'oued Sebisseb. Il y est enterré à la Hammadat Sidi Naïl, chez les Ouled Belhout (Commune Mixte de Sidi Aïssa), dans un cimetière où l'on ne doit ensevelir que des enfants assez jeunes pour n'avoir connu ni le péché ni le mensonge. Malgré ce trait touchant, la tombe est aujourd'hui à peu près abandonnée. On s'y rendait encore souvent en pèlerinage dans les dernières années du XIX" siècle. Mais les Ouled Naïl négligent aujourd'hui leur grand ancêtre et se rendent plutôt à la tombe d'un de ses arrière-petits-fils, considéré comme plus spécialement marabout, Sidi Abderrahman, fils de Salem, fils de Malik, fils de Naïl, tige des Ouled Sidi Mhammed, à Oued Chaïr, sur la route de Bou-Saâda - Ouled-Djellal. La généalogie de Sidi Naïl est un tableau imposant et fort chargé, où se succèdent les éponymes des diverses tribus et fractions. Certains tableaux semblent au départ mélanger les fils et petits-fils. Zekri, fils de Naïl, est l'ancêtre des Ouled Naïl de l'est, ceux qui n'accompagnèrent pas les autres dans leur exode vers l'ouest et la conquête de leur domaine actuel. Yahia eut de nombreux descendants. Mais c'est surtout Malik qui est l'ancêtre de la branche mère et des tribus les plus influentes. Il eut comme fils Salem, Amer et Yahia. Amer donna son nom aux Ouled Amer, et Yahia aux Ouled Feredj et aux Ouled Aïssa. Salem engendra le vénéré Sidi Abderrahman, père de Sidi Mhammed, ancêtre des Ouled Sidi Mhammed, lesquels se divisent, d'après ses trois épouses, en Ouled Cheliha (Ouled Sidi Ahmed et Ouled el Ghouini), en Ouled Dia (Abdelkader et Bouabdallah) et en Ouled Oumhani (Tameur). Des deux autres fils de Salem descendent les Ouled Saad ben Salem et les Ouled Yahia ben Salem. En vertu d'une bénédiction de leur grand-père Abderrahman, les descendants de Sidi Mhammed avaient une prééminence purement théorique, mais assez sensible pour que les Turcs prissent chez eux la plupart des chefs, comme le fit ensuite Abdelka-der. Aujourd'hui encore, c'est la grande famille d'El Guendouz des Ouled el Ghouini, avec les Lahrech, Belahrech et Bencherif, qui fournit la plupart des caïds. Comme on le voit, la répartition tribale est théoriquement basée sur les liens du sang, la parenté agnatique, la filiation à partir d'un ancêtre commun. Mais ce serait une erreur de croire qu'il en est strictement ainsi dans la réalité ; il ne doit pas y avoir beaucoup de tribus qui n'aient intégré des groupes 'de provenances diverses. Avant de se fixer, elles avaient l'occasion d'entraîner dans leur orbite de pareils clients ; fixées, elles tendent aujourd'hui à se rapprocher de la conception territoriale moderne et à moins éviter les mélanges sur le plan individuel. Les fils de Naïl arrivèrent en tribus déjà bien constituées et soumirent ou repoussèrent celles qui occupaient la région. D'entre celles-ci restèrent, à côté des envahisseurs : les Saharis Khobeizat et les Saharis el Attaya, peut-être d'origine berbère, mais très arabisés ; et des tribus maraboutiques : Ouled Ben Alia, Ouled Sidi Younès de Zénina, Abbaziz de Charef, descendant de Sidi Abdelaziz. Quant aux Ouled Zid, apparentés à ceux de Ouargla, Biskra et Metlili, ils seraient le reste des Riah, premiers envahisseurs arabes du pays en 1047. LA CONQUETE DU PAYS PAR LES FILS DE NAIL Laissant donc les tribus filles de Zekri dans le Sud-Constantinois, une vingtaine de tribus naïlias quittèrent l'Oued Djedi et Sidi Khaled, au XVII' siècle, dans la direction de l'Ouest. Arrivés dans la région qui correspond à l'actuelle annexe de Djelfa, ils repoussèrent ceux des Larbaa qui l'occupaient, ainsi que les Bouaïch et les Mouïdat, et composèrent avec les Abbaziz et les Saharis. Tel est en gros le schéma, qui comporte bien des péripéties dont le souvenir s'est conservé dans les traditions familiales ou hagiographiques et dans les chants épiques. La chronologie des événements n'est pas très claire ; l'orgueil aristocratique et la jactance tribale s'ajoutent à l'insatiable besoin de merveilleux pour composer un tableau tracé plus par l'imagination que par la méthode critique, mais qui n'en est pas moins plein d'enseignement du point de vue de la sociologie. Les monts Sahari portaient alors le beau nom de Djebel Mechentel. Ils étaient le bastion, assez peu solide et nullement comparable aux massifs des Kabylies et des Aurès, d'un peuple nommé Sahari et déjà, semble-t-il, fortement arabisé. Assez énigmatiques, mi-chair, mi-poisson, accablés par le destin, les Saharis paraissent s'être repliés sur eux-mêmes et avoir renoncé à jouer un grand rôle. Ils vivaient sous la tente, tout en ayant de nombreux petits qçour sur les hauteurs. Ils avaient accueilli, bon gré, mal gré, quelques Bouazid, descendants de l'illustre Sidi Bou Zid, du Djebel Amour, qui construisirent des villages sédentaires jusqu'auprès de Charef, mais qui en furent chassés avant l'arrivée des Ouled Naïl. Plus graves avaient été les guerres entre Saharis et Bouaïch ou Ouled Bou Aïcha. On garde le souvenir d'une sanglante bataille sur les bords de l'Oued Mendjel, qui coûta 67 morts aux uns, 71 aux autres, et d'une autre mêlée où l'intervention du grand saint Sidi Mohammed ben Alia donna la victoire aux Saharis. Une troisième défaite décida les Bouaïch à fuir vers le Nord jusque dans la région de Boghari, conformément à une nouvelle malédiction de Sidi Ben Alia, à la suite d'une atroce histoire : des Bouaïch, revenant bredouilles de la chasse au faucon, auraient donné à manger à leurs oiseaux de proie un bébé Sahari. Une autre fois, les Saharis, attaqués par les Larbaa du Sud et leurs alliés, durent fuir jusqu'aux monts de Guelt es Stel, mais profitèrent de la nuit pour exterminer leurs adversaires. Les Ouled Naïl assistaient, de l'Est, à ces dissensions. Ils durent sentir que le moment était venu d'en profiter. Une nouvelle da'oua de Sidi Ben Alia, décidément fécond en malédictions, leur ouvrit le pays. Ce saint, qui vivait dans la pauvreté, ou du moins dans une médiocre aisance, rechercha en mariage la fille d'un Sahari des Ouled Rached, Ibn Haradj, qui le repoussa dédaigneusement, déclarant qu'il aimerait mieux donner sa fille à son nègre. Ben Alia, courroucé, maudit les Saharis et proclama que les Ouled Naïl lui achèteraient la faveur qu'on venait de lui refuser. En effet, un Naïli de la fraction des Ouled Saâd ben Salem vint offrir au saint, avec sa fille d'une beauté remarquable, un taureau blanc et vingt brebis tachetées de noir. Ben Alia prédit à nouveau toutes sortes de malheurs et d'humiliations aux Saharis, et promit aux fils de Naïl les richesses de ce monde avec le succès des armes : " Vous pèserez sur le cou des Saharis plus lourdement que le joug sur le cou des taureaux. " Les Ouled Naïl ne demandaient qu'à profiter de cette baraka. Si les bénédictions, les anathèmes et les miracles des saints n'engendrent pas les événements, ils les soulignent, les sertissent, en conservent la mémoire et en donnent de raisons qui, pour être légendaires ou allégoriques, n'en comportent pas moins beaucoup de vérité. Les fils de Naïl commencèrent par écraser successivement les Saharis, les Bouaïch et les Mouïdat, et s'installèrent solidement au coeur du pays de façon à bien tenir et à contrôler fructueusement la route du Sud. Une seconde poussée leur assura la possession de tout le Zahrez, et les Bouaïch furent pourchassés jusqu'à Aïn-Boucif. LES MALHEURS DES SAHARIS Les Saharis avaient composé. Les uns partirent vers les Ziban, Bou-Saâada ou le Titteri. Les autres restèrent. Certains même, comme la famille des Ouled Kacer s'agrégèrent aux Ouled el Ghouinî des Ouled Naïl, selon le processus que nous avons indiqué. Sidi Mhammed Ben Alia ne cessait de les brocarder. Du moins met-on sous son nom des comparaisons assonancées avec des copeaux, rebuts inégaux d'une planche dégrossie, avec un fouillis de faucilles enchevêtrées pêle-mêle dans un sac, avec une selle couverte d'un beau maroquin rouge, mais dont le dessous mal fait blesse la monture... Comme s'ils se courbaient d'eux-mêmes sous la malédiction du saint, ils se laissèrent grignoter et tondre, se replièrent sur eux-mêmes, et ne cessèrent de décliner à tel point que les Turcs durent réduire leurs impôts â un tribut quasi symbolique. Un refus de leur part entraîna une nouvelle épreuve, trois tribus naïlias ayant été lâchées contre eux par le bey du Titteri. C'est du XVIIe siècle que doit dater la destruction d'un certain nombre de petits qçour, lieux d'habitation, d'entrepôt ou de refuge, dont on voit maintes ruines sur les hauteurs. D'autres qçour, plus ou moins anciens, disparurent par la suite. Rien n'est plus capricieux que la vie de ces petits villages fortifiés, abandonnés pour les raisons les plus diverses . guerre, discordes intestines, progrès de la sécurité, déplacement d'une source... Ce dernier fait, dans ces terrains torturés, peut se produire à le suite d'une petite secousse sismique. Il semble qu'au XVIIe siècle beaucoup de ces qçour, habités soit par des sédentaires, soit par des demi-nomades, furent liquidés par les envahisseurs Et que cet abandon fut facilité par des discordes intestines. C'est ce que le R.P. Le Thielleux appelle la " conflagration du chacal ". Des légendes expliquent ces destructions par des récits similaires qui mettent en relief l'absurdité néfaste des dissensions. Sept qçour des Draba du Djebal Sendjas auraient été détruits pour avoir refusé le tribut aux Ouled Naïl. Le village de Khaneg el Arar, la gorge des genévriers, doit sa ruine au fait suivant : tandis que les hommes jouaient au sig, sorte de jeu de jonchets, les femmes rivalisaient d'épigrammes rimées. Une querella naquit et s'envenima si vite que les gens s'entr'égorgèrent. Il ne survécut qu'un chien nommé arar et deux vieilles. Une d'elles tua le chien ; alors elles se battirent et se tuèrent mutuellement. Un autre qçar des Draba fut ruiné pour n'avoir point .écouté les avertissements d'une femme nommée Makhoula, à la vue et à la double vue très perçantes. Plus au sud, à Tadmit, un des qçour successifs aurait été ruiné de même, selon une tradition recueillie déjà par l'interprète Arnaud vers 1860 : un homme du quartier ouest avait élevé un chacal qu'il aimait beaucoup ; le chacal devenu grand étrangla des moutons appartenant à des gens du quartier est, qui le tuèrent ; d'où massacre général. Une inscription précisa : " Un petit chacal fut cause de la ruine de notre. ville. " L'OCCUPATION FRANÇAISE Il n'y a pas lieu de nous attarder aux quelques soulèvements monotones contre les Turcs. Ceux-ci n'avaient sur les Ouled Naïl qu'une domination théorique symbolisée par des impôts pas toujours faciles à percevoir. Ils choisissaient pourtant les caïds - parmi, en général, les cinq tribus Ouled Sidi Mhamined élevées au rang des tribus makhzen, auxiliaires du beylik. Quand Alger capitula, en 1830, le caïd qui percevait l'impôt dans le Zahrez pour le bey du Titteri, rejoignit prudemment Médéa, et les Ouled Naïl retournèrent allègrement à une liberté voisine de l'anarchie. L'émir Abdelkader réussit par la suite à leur imposer son autorité après l'équipée de Sidi Moûssa Ben el Hassan, un aventurier mystique, originaire d'Egypte, installé à Laghoùat en 1829 et affilié à la confrérie des Derqaoua, alors très virulente, aussi ennemie des Turcs que des infidèles. Après des séjours et des prédications à Messaâd, dans le Djebel Sahari et chez les Abbaziz, Sidi Moussa appela tous les Ouled Naïl aux armes contre Abdelkader alors allié des Français. Avec 3.000 cavaliers et 2.000 fantassins assez mal armés, il arriva devant Médéa qui négocia. En mars 1335, Abdelkader quitta Mascara, rencontra aux environs de Mouzaïa l'armée déjà aux trois quarts débandée du fanatique, et l'écrasa sous le feu de son artillerie. Moûssa se cacha dans la montagne et à Messaad. Il devait en être chassé par Marey-Monge en 1847, fuir à Metlili 'et périr au siège de Zaatcha. Abdelkader soumit les Ouled Naïl et leur donna six cheiks sous l'autorité de Si Abdeselam ben el Guendouz, des Ouled el Ghouini, puis sous celle de trois aghas et d'un khalifa, Si Chérif ben el Ahrech, neveu de Si Abdesselam. Après la prise de la smala, les Ouled Naïl, qui ne pouvaient se passer de leurs relations d'été avec le Tell, se rapprochèrent de la France. Ils accueillirent bien le général Marey-Monge, commandant la . subdivision de Médéa, qui s'aventurant le premier aussi loin dans le sud, franchit en 1843 les monts Saharis, poussa jusqu'à Zaccar, rencontra Ahmed Bensalem, chef de Laghouat, accueillit ses propositions de placer tout le Sud-Algérois sous le protectorat français et le nomma khalifa. Les années suivantes, Marey et le terrible général Yusuf guerroyèrent dans le pays. Puis Si Chérif se soumit, après la reddition d'Abdelkader, et fut nommé en 1850 agha, et en 1853 khalifa de tous les Ouled Naïl de la province d'Alger, après avoir énergiquement réprimé toutes les dissidences. Laghouat prise, Djelfa fut fondée et rattachée au cercle de Laghouat. Emile DERMENGHEM. BIOLIOGRAPHIE SOMMAIRE ARNAUD. -- Notice sur les Sahari, les Oulad ben Aliya, les Oulad Naïl et sur l'origine ries tribus Chorfa ; Revue Africaine, 1864. - Histoire des Oulad Naïl, faisant suite à celle des Sahari ; Revue Africaine, 1872 et 1873. - Exploration du Djebel Bou Kahil et des Ksar de l'annexe de Djelfa ; Revue Africaine, 1863. Artisanat (L') traditionnel dans les départements d'Alger et le Territoire de Ghardaïa ; Documents Algériens, Série Economique, 102, 25 septembre 1953. AZAN (général). L'Armée d'Afrique de 1830 à 1852 ; 1936. BALOUT (Lionel). Préhistoire de l'Afrique du Nord, 1955. BARADEZ (colonel). Fossatum Africae, 1949. 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C' est une maison élémentaire qui, jadis regroupait tous les membres de la famille et leurs animaux. Elle est fabriquée entièrement de pierres et d' argile, tapissée parfois de paille et de terre qui sert d' isolation thermique. Une toiture composée de tuiles (kermudd), de roseaux secs, et de linteaux(tassariwin) (en général du bois de chêne façonné manuellement). On retrouve une poutre principale (assalas alemas), des poutres moyennes (issulas) sur lesquelles reposent le toit, et des poutres verticales (tikujda) qui soutiennent l' ensemble. Sous ce toit, une seule et grande pièce où chaque coin a son importance : - TASGA très significatif pour les berbères (le centre de la maison) qu' on ne piétine pas, qu' on ne cède pas, car c' est là qu' on dort et qu' on mange. - Un coin du feu (al kanoun), autour duquel on écoutait la narration des contes (timucuha)par les grand-mères surtout, et qui servait pour la cuisine (la cuisson). - Un coin (adaynin) pour les animaux domestiques tels les moutons, chèvres, et pour certains des boeufs, l'âne ou le mulet. - TA[ RICHT juste en dessus de adynin où sont stocké les jarres à l' huile d' olive, quelques provisions comme l' oignon, l' ail, et la viande séchée (acadluh nel'aïd). - TADUKWANT une partie surélevée qui sert de coin de rangement d'ustensiles de cuisine en terre ou autre, et d' un autre côté les silos (avec des symboles berbères) (Ikufan : akufi au singulier) qui servaient pour les réserves alimentaires tels le blé, l' orge, les figues sèches,....etc. L' accès principal est une porte en bois (avec des symboles berbères) fabriqué à la main, et qui donne vers une cours commune entre voisin (généralement de la même famille, des cousins-cousines), et une aussi grande porte séparant cette même cours de l' extérieur, parfois donnant directement sur la voie publique, et parfois sur une petite ruelle du quartier (Adrum)






le Sahara Algérien et sa splandeur